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Dan Ar Braz Dan Ar Braz est un artiste qui inspire le respect par son talent et sa sensibilité. Reconnu par les spécialistes et méconnu du grand-public, c'est avant tout un artiste discret. " J'ai toujours eu un peu de mer et un peu de terre ", explique ce quimpérois né d'un mère de Douarnenez et d'un père de Quéménéven. En 1963, il découvre la guitare et le rock (Cliff Richard, Shadows…) puis viennent Jimmy Hendrix et les Rolling Stones… Deux ans plus tard, il monte ses premiers groupes de rock et se produit déjà en solo. Cependant, bien que venu à la guitare par le rock' n roll, il fait ses classes aux côtés d'Alan Stivell sur les scènes bretonnes, avant d'acquérir le style qui a fait de lui l'un des meilleurs guitaristes (The Melody Maker), et une grande connaissance de la musique bretonne. Il en souligne volontiers le rôle déterminant : "Avant, j'étais partagé entre les musiques françaises et anglo-saxonnes. C'est grâce à Alan que les choses se sont clarifiées. C'est lui qui a été le détonateur. Après dix ans - dix bonnes années à travailler ensemble - nous nous sommes séparés". Pendant ces dix ans passés aux côtés d'Alan Stivell, il tourne en Europe, en Amérique du Nord et en Australie. Pendant ce temps, en 1973, Dan Ar Braz fonde son propre groupe, MOR. Il enregistre l'album Stations. En 1976, Dan Ar Braz rejoint le groupe britannique Fairport Convention et écume les scènes, multipliant disques et concerts à travers l'Angleterre et les Etats-Unis, avant de recommencer à travailler pendant deux ans avec Alan. C'est en 1977 que les deux compères se sépareront définitivement. Dan Ar braz enregistre son premier album solo, Douar Nevez. Il joue aussi en compagnie de Gilles Servat et accompagne Jacques Higelin sur No Man's Land et en concert pendant une saison. Il rejoint à nouveau le groupe anglais Fairport Convention pour l'enregistrement d'un album, AT2 - The Réunion Concert (1983). En 1978, il enregistre Allez Dire à La Ville. Ce disque alterne ses propres compositions à des adaptations de textes de Xavier Grall. Ce dernier considérera dans Le Monde que Dan, par la beauté de sa musique, réinvente ses textes. Dan s'entoure de Patrick Molard et de Michel Santangeli avec qui, l'année suivante, il sort The Earth Lament (1979). Dan, qui commence à trouver une inspiration personnelle, entame alors une carrière de soliste. Viennent ensuite ce qu'il appelle lui-même des " années difficiles ". Il essaie sans trop de succès de recréer son propre groupe. " Je n'assumais pas tellement mon rôle de leader, et peut-être que je n'en avais pas tellement envie. Mais, quand on a son nom sur affiche, il faut aller jusqu'au bout ". Pendant six mois, il arrête de se produire avant de tourner dans des pays aussi divers que l'Amérique, l'Italie ou l'Allemagne. " J'ai erré sur les routes du monde. Cela a été une période formatrice. ". Les années 80 sont des années difficiles, qui voient arriver des groupes plus attachés à la lettre de la tradition, " des années de repli sur soi " commence-t-il à dire, avant de corriger ce que l'expression peut avoir de négatif. " En fait, il s'agissait surtout d'un retour à l'essentiel". Dan produit quatre albums pendant les années quatre-vingts. Il interprète à nouveau, sur Accoustic (1981), des textes de Xavier Grall. Puis, il produit chez Keltia Musique, Musique Pour les Silences à Venir (1985), Septembre Bleu (1988), et Songs (1990). "Mais les années quatre-vingts ont été difficiles pour tout le monde, pour Alan comme pour moi. Pourtant, le groupe Gwerz, notamment, mais aussi Denez Prigent, Eric Marchand - pour ne rien dire de Yann-Fañch Kemener - ainsi que les sonneurs de couple, par exemple, on fait un travail essentiel. C'est en fait ce retour qui nous a permis d'arriver à ce qu'on fait maintenant ". En 1991, il produit chez Keltia Musique le disque Borders of Salt, dont la chanson titre deviendra l'un des emblèmes du futur Héritage des Celtes. 1992 est une année faste pour Dan Ar Braz qui produit trois albums, Rêves de Siam, bande originale du film de Olivier Bourbeillon, Dan Ar Braz Chante Xavier Grall où il rend hommage à son ami en réinterprétant ses plus belles variations sur ses poèmes. Dan Ar Braz s'entoure pour cet album de quatre musiciens, Martin Allcock avec qui il vient de signer plusieurs albums, John Kirkpatrick et Ronan Le Bars sonneur de Uilléan pipe breton. Il réalise ensuite Les Iles de la Mémoire, dans lequel il reprend un morceau paru dans le disque Anne De Bretagne (réalisé à compte d'auteur). Après plus d'une dizaine d'années difficiles, Dan Ar Braz revient sur le devant de la scène, le soir du 24 juillet 1993 où lui, le solitaire, se retrouve entouré de 75 musiciens à l'occasion d'un concert mythique clôturant le 70ème Festival de Cornouaille. Il y avait là Donal Lunny, le Shotts Pipe Band de Glasgow, le Bagad Kemper et bien d'autres encore. Rendez-vous fut pris à Dublin, quelques mois plus tard, pour enregistrer l'Héritage des Celtes. Il lance la deuxième vague commerciale bretonne, vingt-deux ans après avoir participé à la première, celle d'Alan Stivell. Enregistré par Brian Masterson dans le studio qui a vu passer U2 et les Rolling Stones, l'Héritage des Celtes associe lyrisme et finesse mélodique au travers de 12 morceaux d'exception, où la musique est " universelle ". Dan Ar Braz prouve en cela qu'il est à présent fermement décidé à transmettre l'Héritage bien au-delà des chapelles régionales. Depuis plusieurs années, d'ailleurs, la jeunesse de Bretagne et du reste du monde celtique communie à l'héritage retrouvé des Celtes. L'album se vend en France à 230.000 exemplaires. Avec Diwanit Bugale composée par Dan sur un texte de Gweltaz Ar Fur, en l'honneur des écoles en langue bretonne Diwan, il représente la France en 1996 au Concours de l'Eurovision. Le souvenir de ce concours Eurovision 96 ne l'assombrit pas outre mesure, au contraire : " Je n'ai jamais été aussi breton que depuis l'Eurovision. Le fait d'être dernier a été ressenti par beaucoup comme une injustice. Ce que j'ai souffert le soir du concours n'a pas beaucoup d'importance. (on dit d'ailleurs que la plupart des gagnants de l'Eurovision sont oubliés dans l'année !...). Ma plus belle récompense a été, à ma descente d'avion à Quimper, d'entendre les enfants de Diwan chanter la chanson ". Mais Dan Ar Braz n'a garde d'oublier que la gagnante du concours, membre du groupe irlandais Anuna, a également enregistré sa chanson. Un rêve un peu fou devenu réalité. Les Celtes. Il se reconnaît l'héritier de cette culture qu'on retrouve surtout en Irlande, Ecosse, Pays de Galles, Cornouaille Britannique, Ile de Man, Bretagne et Galice, tous pays d'océan aux frontières de sel et de sable... La Celtie ? Dan Ar Braz la voit surtout au niveau de l'imaginaire : " C'est vrai que la musique irlandaise ne ressemble pas à la musique bretonne, mais il y a des liens à recréer, une histoire à revoir. L'important, c'est que l'on retrouve une forme de communauté. La demande des Bretons a toujours été très forte à l'égard de cette communauté celtique, plus forte que du côté des Irlandais, par exemple ". Ce Celte jette aussi un regard d'envie sur les Ecossais et les Gallois qui viennent de retrouver un peu d'autonomie... " Je rêve de cela pour la Bretagne, et la France ne pourrait y être que gagnante. C'est un rêve, mais il faut rêver ". Et Dan rêve à ce renouveau breton, aux liens qui se renouent entre les générations... Et c'est son rêve que nous écoutons. Rassemblés autour du guitariste Dan Ar Braz, des musiciens et chanteurs, parmi les plus illustres de leurs pays (comme pour la Bretagne, par exemple, Gilles Servat et Yann-fañch Kemener), nous invitent à partager le meilleur d'un patrimoine à l'étonnante modernité. Mais le présent, pour Dan, c'est d'abord son disque " Finisterres ", sorti au mois d'octobre 97. " C'est une suite, la seconde partie naturelle de l'Héritage des Celtes car ce que nous avons fait était trop peu, vu le répertoire dont nous disposons ". En octobre 1998, la formtation de Dan Ar Braz enregistre Zénith en public, lors de la tournée du disque Finisterres. Zénith (Sony) a été enregistré les 16 et 17 mars 1998, au Zénith à Paris. Et enfin, cette récompense aux Victoires de la Musique 98 qui a définitivement - mais en était-il encore besoin ? - confirmé son immense talent.... D.L. Jérémie Pierre JOUAN Sources :
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