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Marcel Le Guilloux Depuis les années 60, Marcel Le Guilloux, homme de l'ombre et de la discrétion s'il en est, participe activement à perpétuer et à faire revivre cette mémoire du Centre-Bretagne. Elle se traduit sous plusieurs formes : celle de la voix, chantée ou parlée, celle du geste et du corps. S'il est vrai que le chant à danser, en particulier, avait pratiquement disparu en Centre-bretagne au profit des bals musettes, sa présence demeurait très forte dans l'esprit collectif. Sous l'impulsion de quelques consciences éclairées, Etienne Rivoallan, Georges Cadoudal, Claudine Mazéas... des trésors de chants, d'airs et d'histoires en tous genres furent alors recueillis. L'une des grandes fiertés de cette région demeure Mme Bertrand de Canihuel, jusqu'à ce jour inégalée dans l'expression de son art. Pour Marcel Le Guilloux, dont le chant et la danse avaient nourri les réjouissances d'après battages ou arrachages de pommes de terre, ces années d'après guerre furent décisivent avec la relance des Festoù-Noz. C'est naturellement, s'inscrivant dans la lignée de ces ancêtres en recréant ainsi un lieu social, que sa démarche de chanteur et de conteur trouva sa juste place. Soucieux de la valeur de cet héritage, il va à son tour affirmer une volonté de transmettre aux nouvelles générations les subtilités de cette langue et la manière de la faire résonner. En 2004, Marcel Le Guilloux enregistre Un Dewezh 'ba Kerc'h Morvan chez Coop Breizh. Cet enregistrement est le reflet d'une des nombreuses facettes de ce répertoire. Il montre, pour celui qui est à même d'en saisir l'essence, combien cette langue est subtile et riche en métaphores et en images. Dans ce domaine, on peut dire que Marcel, par sa manière d'aborder un récit, va savoir nous conduire avec finesse et délicatesse, humour aussi, jusqu'aux frontières de l'imaginaire. Les chanteurs qui l'accompagnent sur ce disque (Annie Ebrel, Erik Marchand, Yann-Fanch Kemener) sont pour lui des compagnons de route avec qui, au fil des années, il aura partagé des grands moments d'intimités. Les festoù-noz, les concours et autres lieux de rencontres furent autant d'occasions uniques de s'exprimer et d'aller à la rencontre des autres. En effet, que serait le chanteur ou le conteur sans danseurs ou oreilles attentives à son expression ? Quant au répertoire, il est celui transmis dans cette région depuis des générations, d'auteurs anonymes, ou de compositeurs plus récents. Il est la mémoire vivante et l'âme de ces gens, passé au crible de leurs joies et de leur peines, pour n'en garder que l'essentiel. Yann-Fanch KEMENER
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