Denez Prigent


Originaire de Santec dans le Finistère nord, Denez Prigent, né vers la fin des années soixante, découvre la musique traditionnelle bretonne, et plus particulièrement les gwerzioù, auprès de sa grand-mère, fille d'un chanteur à la voix exceptionnelle. Dès l'âge de dix ans, il parle couramment le breton.

Cette passion pour la musique, il la vit au quotidien, lorsqu'en internat, dans la banlieue de Brest où il suivait ses études, il écoutait dans son Walkman le dernier fest-noz qu'il avait enregistré, délaissant quelques temps le lycée. Il ne cherchait alors qu'à rentrer chez ses grand-parents, voir la mer, parler le breton et chanter la gwerz.

A quatorze ans, il s'initie au Kan Ha Diskan, en Centre-Bretagne, auprès d'Alain Leclère, qu'il rencontre à Brest. Ce dernier tient son enseignement de Manuel Kerjean. Il participe à de nombreux festoù-noz, en tant de diskaner puis kaner, excellant au dibril, ce roulement de langue breton difficile et bien enraciné. En 1987, il remporte le premier prix du Kan Ar Bobl, le concours le plus prestigieux de Bretagne.

En 1988, sa passion et sa connaissance du breton l'incite à devenir professeur de breton à Carhaix, charge dont il démissionne en 1991, pour se consacrer au chant et vivre de son art. Il devient ensuite l'animateur de l'émission culturelle en breton de Radio-France Armorique.

Puis il enrichit son répertoire de gwerzioù et de Kan Ha Diskan par ses propres compositions, fondées sur des faits contemporains. Il obtient ainsi, en 1989 et 1990, de nouveaux prix dans la catégories chant traditionnel et chant nouveau breton. Ses références ne sont autres qu'Erik Marchand ou Yann-Fañch Kemener et Manu Lann-Huel.

En 1992, il tente le pari de se présenter aux Transmusicales de Rennes devant un public rock non-initié, en chantant a cappella. La presse titre : Denez Prigent Seul Face au Silence. Le pari est réussi, il est ovationné et, du coup exporte son art à travers l'Europe. Il est alors invité à participer au Zénith de Stéphane Eicher et à la tournée berlinoise de Julien Clerc. Vêtu de noir, la main "en coquille" sur l'oreille, il chante avec l'accent marqué des Léonards.

Il participe, en 1993, à une tournée avec Louise Ebrel (fille d'Eugènie Goadec), où ils interprètent le Kan Ha Diskan et les gwerzioù. Il travaille aussi avec Arnaud Maisonneuve pour le groupe Deep Forest.

Denez Prigent considère, comme Alan Stivell, que la musique bretonne ne peut survivre dans le carcan trop strict da la tradition pure. C'est dans cette optique de renouvellement de la culture musicale bretonne qu'il participe à l'expérience Dao Dezi. Commercialement, le disque est un échec. Cependant, ce collectif rassemblant entre autres Tri Yann, Manu Lann-Huel et Arnaud Maisonneuve, est l'occasion pour Denez de s'engager dans une voie particulière, qui désormais le caractérise.

En 1996, il édite un premier album a capella, en partie arrangé par Kristen Noguès. Cet album est une nouvelle révélation du talent de Denez Prigent. Ar Gouriz Koar (La Ceinture de Cire) est un succès commercial. Dès lors, il participe à de nombreux festivals à Montreux, en Pologne au Pays de Galles…

L'année suivante, il édite chez Rosebud / Barclay, un nouvel album, Me 'Zalc'h Ennon UR Fulenn Aour (Je garde en moi une étincelle d'or). Il rassemble pour l'accompagner Valentin Clastrier (vielle, qui joue avec Jean-Marie Marchado dans son Sextuor Vibraphone et les Musiques de Bretagne), Kristen Noguès (harpes celtiques), Bruno Le Rouzic (biniou-braz et biniou-kozh), Loïc Bléjean (uillean-pipe, membre du groupe Glaz), Arnaud Rebotini (musiques électroniques nouvelles), Jacques Beauchamp (Bombarde), Bruno Caillat (zarb), Jean-Marc Illien (claviers) et Cédric Berneau Aka DJ Nem (scratchs). Ce mélange étonnant et détonnant marginalise quelque peu Denez Prigent dans le cercle des puristes de la tradition, mais permet à la musique bretonne de franchir la frontière régionale pour s'imposer en France et à l'étranger.


Jérémie Pierre JOUAN

Sources :
Dossier de Presse (Stéphanie Pontfilly)
Articles de Presse (Inrockuptibles, Ouest-France, Le Monde, Télérama)


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