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Taÿfa Awal
: « Le mot » en berbère. racines et devenir celto-berbère Ainsi est intitulé le
nouvel (et 2ème) album de Taÿfa. Le
tout renvoie à la parole et la langue confisquées ici ou là-bas, la tradition
orale qui caractérise les deux cultures qui ont tant de valeurs à partager et
plus d'un point en commun. Berbère et
celtes brûlent de la même passion : un amour immodéré pour leur patrimoine
respectif et une même envie de lui octroyer une dimension universelle. Un
rapprochement existe depuis des lustres au niveau des instruments (la bombarde
et le biniou) et dans le domaine de la mélodie et du rythme.
Et les deux sphères on longtemps souffert du rejet et de la
classification de leur musique dans le genre "mineur".
De la blessure profonde infligée à leurs parlers. Enfin, les deux
chansons bretonne et kabyle, incarnées entre autres par Alan
Stivell et Idir, ont fait leu révolution à l'aube des années
70. Mais pour qu'une partie de la
Manche et un autre de la Méditerranée puissent se rencontrer et se parler, il
fallait des êtres de bonne volonté. C'est chose faite en 1992
avec Farid Ait-Siameur le Kabyle et Jacques Moreau, le breton, les
précurseurs d'un mouvement celto-berbère en devenir sous le nom de Taÿfa,
qui verra naître également Mugar
et Thalweg. On savait déjà les
mariages kabylo-bretons, générateurs de beaux enfants (l'exemple du regretté Marcel
Mouloudji en témoigne toujours) mais du point de vu musical, l'essai
n'avait jamais été tenté auparavant. Le résultat va largement au-de des
souhaits et des espoirs émis. Les "sales gosses" (signification berbère
de Taÿfa), au cœur pur comme dirait l'autre, après un enregistrement
tout à fait prometteur, ont commis une suite (mais pas fin) des plus réjouissantes. "Awal"
correspond complètement à notre époque de fusion et de mélanges, un courant
connu sous l'étiquette politiquement correcte de "world music"
à laquelle on préfère le terme plus juste de "musique du
monde". Il ne s'agit pas simplement d'une juxtaposition heureuse, les
musiciens (renouvelés) de Taÿfa vont plus loin. Leur planète contient des
trésors poétiques et mélodiques portés par la voix douce et envoûtante de
Farid, un artiste formé à l'école andalouse et ouvert sur la vie, bien servis
par une orchestration et des arrangements sans trop d'effets de manche Les
compositions puisent dans les différentes sources autant méditerranéenne côté
Algérie (mélopées sahariennes et mélodies de montagnes aurésiennes et
kabyles) que celtes (Asturies et Bretagne bretonnante), mais aussi rock et jamaïcaine
à l'image de "Weltma" (Ma soeur), que Farid interprète avec des
orages dans la voix ' "Evyiy" (Je veux m'éclater, Je veux oublier),
précédé d'une intro hard rock à la lron Maiden, "Lili" et
son tempo reggae gai, "Afrux" qui célèbre on ne peu mieux les noces
du fest-noz et de la geste vive amazigh (Berbère), "Da caeban" qu met
en évidence la parenté avec l’Andalousie et "Azekka" (Demain) et
son entrain Chaâbi (mode populaire né dans la casbah d'Alger).
Le symbole restant ce hommage, à travers "Tagunit", aux écrivains
kabyle, Mouloud Feraoun et breton Per-Jakez Helias. tous deux
brillants romanciers et défenseurs des richesses culturelles de leurs terres
respectives. Sur le plan thématique,
la formation celto-berbère, sensible (et le mot est faible) à la douleur du
peuple algérien, consacre l'essentiel de ses paroles à ce drame à huis clos,
évoquant les exils forcés, la lutte des femmes et enfin l'espoir. Alors, en définitive, Taÿfa, c'est quoi? Un chanteur kabyle qui fait du celte ou un groupe celte qui fait du kabyle? On dira que c'est un groupe qui conjugue allégrement les deux cultures au parfait de la "world beat". La
formation s'est dissoute dans le courant de l'année 2000. Sources :
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